Celle qui mangeait le riz froid – Moon Chung-hee

Bonjour à tous et à toutes ! Ça fait longtemps que je n’ai pas écrit d’articles, et pour cause : j’étais en pleine période d’examens ! Mais me voila en vacances, et je compte bien en profiter pour rattraper mon retard ! Aujourd’hui je vous parle d’un recueil de poèmes d’une autrice coréenne, Moon Chung-hee, Celle qui mangeait le riz froid, traduit par Kim Hyun-ja et édité par les éditions Bruno Doucey.

Poésie • Féminisme • Littérature coréenne

Moon Chung-hee est une poétesse reconnue en Corée du Sud, mais totalement inconnue en France. Ce recueil est la première traduction du travail de l’artiste en français. Il s’agit d’une anthologie de quatre-vingt poèmes tirés de différents ouvrages de la poétesse. Habituellement, je ne suis pas une grande fan de préfaces, mais je ne peux que vous recommander chaudement de lire celle de cet ouvrage (écrite par Michel Collot). L’auteur de cette préface revient sur la vie de l’autrice, et sur son œuvre, et personnellement ça m’a vraiment aidé à comprendre les poèmes et à mieux les aborder.

Le traducteur a vraiment fait un superbe travail, j’ai été complètement plongée dans l’atmosphère et la poésie de l’autrice. Ce qui est vraiment fort, c’est le fait qu’elle réussisse en partant d’un objet ou d’une scène du quotidien à parler de la condition des femmes en Corée.

Sincèrement, ce n’est vraiment pas facile de faire une critique d’un recueil de poèmes. Mais je vous recommande vraiment de vous pencher dessus. Et comme pour milk and honey, je vous laisse ci-dessous quelques uns de mes poèmes préférés.

Bonne journée !

Paper

Mon épouse

J’aimerais avoir une épouse

Une épouse pareille à une fleur

épanouie au printemps tel un rire éblouissant

Une épouse qui me donne un enfant

après l’étreinte d’une nuit

ayant cultivé ma semence dans son corps

Quand je lui donne de l’argent que j’ai gagné

elle me prépare des repas

Une épouse qui m’attend après avoir fait ma chambre

quand je travaille dehors ou quand je sors pour boire un verre

Une épouse qui m’apporte doucement une tasse de thé

quand j’écris des poèmes

ou quand je lis le journal sur le canapé

Pour que je n’aille pas voir ailleurs*

elle essuie tous les jours mon miroir

Elle regarde toujours son mari d’un œil admiratif

Elle est ma colonie, elle m’appartient

Le devoir moral est le soleil de notre famille

Une épouse qui fait de moi le père et le grand-père

et fait perdurer mon nom et ma généalogie

On dit qu’une telle épouse est en voie de disparition

comme un animal qui aurait vécu dans la jungle il y a longtemps

Oh, j’aimerais avoir cette sorte d’épouse :

une invention du dix-neuvième siècle qui est encore absolument utile**

*Tiré du poème de Midang « Ma femme ».

**Tiré du poème de Marylin Yalom « Ma femme »

•••••••••••••••••••••••••••••

Déclaration de la fleur

Je me servirai de mon sexe
à ma façon comme je l’entends
J’empêcherai que l’État le contrôle
ou que les ancêtres s’en mêlent
J’empêcherai qu’une idéologie y porte la main brutalement
J’empêcherai qu’on en donne des leçons ou qu’on en fasse la publicité
En aucun cas
je ne tolérerai qu’on l’échange contre de l’argent
Je ne me donnerai pas l’air d’être belle ou gentille
Je ne ferai pas semblant de tout connaître
Je prendrai tout simplement possession de mon corps
Sous le ciel
Au pays de la poésie
Je suis fleurie

Laisser un commentaire