Le meilleur des mondes – Aldous Huxley

Bonjour tout le monde ! Aujourd’hui je vous parle d’un classique de la science-fiction, Le meilleur des mondes de Aldous Huxley écrit en 1932 et traduit de l’anglais par Jules Castier.

Dystopie • Science-fiction • Classique

Résumé : En l’an 632 de notre Ford, la civilisation est bien différente de celle que nous connaissons actuellement. Le monde est divisé en un système de castes, des Alphas aux Epsilons. Les naissances se font uniquement in-vitro, la monogamie, ou le concept même de parent ou de famille n’a plus aucun sens, et chacun.e est programmé.e dès sa naissance pour être parfaitement heureux.se et se satisfaire complètement de sa place dans la société. Et puis, quand quelque-chose ne va pas, il reste toujours le soma, drogue sans aucuns effets négatifs. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Non ?

Cela faisait longtemps que je voulais lire ce roman, qui est un classique de la science-fiction du XXème siècle. Mais avant de commencer ma critique, j’aimerai mettre un point au clair : cette histoire n’a rien à voir avec 1984 de Georges Orwell. Pourquoi je dis ça ? Parce-que les deux œuvres sont tout le temps comparées. Mais croyez moi, leur seul point commun c’est d’être des dystopies anglaises du XXème siècle. C’est tout. Sinon, les deux histoires n’ont absolument rien à voir.

Les prénoms des personnages sont tous inspirés de personnages réels, et j’avais été assez contente de m’en rendre compte (je vous mets dans la partie « Pour aller plus loin » un lien pour comparer les noms des personnages). Au niveau des personnages, aucun.e n’est vraiment attachant.e, mais je pense que c’est volontaire de la part de l’auteur. On suit d’un côté Bernard Marx, Alpha Plus qui, contrairement à toutes les personnes de sa caste, est laid. Il se sent en décalage avec cette société, et aspire à des sentiments plus authentiques. De l’autre, on fait la rencontre de John,  » le Sauvage », né dans une réserve, où sont parqués les seuls êtres humains encore « normaux » de ce monde. (Cela n’est d’ailleurs pas sans rappeler les réserves d’Indiens d’Amérique). Par une série d’évènements, il va se retrouver à découvrir le monde tel qu’il est dans cette société. Si tout est très extrême, John l’est lui aussi dans son attitude à l’encontre de cette société qu’il méprise. Je n’ai d’ailleurs pas vraiment été satisfaite par sa fin, et il m’a assez exaspérée tout du long. Dans la préface de l’auteur de 1946, ce dernier explique les choix qu’il avait fait à l’époque de l’écriture de son roman, et ce qu’il changerait si il devait le réécrire, et il parle notamment de cette fin. D’ailleurs, je conseille de lire la préface, qui est vraiment très intéressante … Mais à la fin, quand vous aurez terminé le roman.

Le « meilleur des mondes » est vraiment très bien décrit par Huxley. On comprend parfaitement comment il fonctionne. Une chose que j’ai trouvée très intéressante dans ce roman, c’est que contrairement aux autres romans dystopiques auquel ce roman est souvent comparé comme 1984 ou Fahrenheit 451 par exemple, où il est facile de dire où est le mal et où est le bien, ce n’est pas le cas dans ce roman. Difficile de dire que le monde de Big Brother est un rêve utopique ! Mais Le meilleur des mondes cultive toujours l’ambiguïté. Certes les gens sont contrôlés … Mais ils et elles sont heureux. Ou du moins croient l’être, profondément. Et vu par certains personnages comme Lénina, ce monde ne nous paraît plus si terrible. C’est là que le titre du roman est très fin, car il est à la fois la description d’un vrai monde « meilleur » : sans guerres, où chacun.e est heureux.se d’accomplir les taches pour lesquelles il ou elle a été désigné.e, où la tristesse n’existe pas et peut être balayée d’une simple ingestion de soma, et en même temps, quelle ironie que ce titre, dans ce monde sans art, sans attachement qui dure, sans humanité. D’ailleurs selon Aldous Huxley, Le meilleur des mondes est une utopie … Mais une utopie est souvent bien plus dangereuse qu’une dystopie.

Mon passage préféré du roman est le dialogue à la fin entre Mustapha Menier, qui est le chef de ce monde, et John. « Sa Forderie » est un homme cultivé, qui a lu Shakespeare, et il défend le système de ce monde tant et si bien, qu’on y croit, et qu’on en vient à trouver qu’il a raison. Ce qui conduit à mon dialogue préféré du roman :

– Mais je n’en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.

– En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d’être malheureux.

– Et bien, soit, dit le Sauvage d’un ton de défi, je réclame le droit d’être malheureux.

– Sans parler du droit de vieillir, de devenir laid et impotent ; du droit d’avoir la syphilis et le cancer ; du droit d’avoir trop peu à manger ; du droit d’avoir des poux ; du droit de vivre dans l’appréhension constante de ce qui pourra se passer demain ; du droit d’attraper la typhoïde ; du droit d’être torturé par des douleurs indicibles de toutes sortes.

Il y eu un long silence.

– Je les réclame tous, dit enfin le Sauvage.

Mustapha Menier haussa les épaules.

– On vous les offre de grand cœur, dit-il.

Vous reprendrez bien un peu de soma ?

Paper

Pour aller plus loin …

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